Enquête sur le vieillissement et la perte d’autonomie dans un quartier prioritaire du Val-de-Marne

 

Ce mardi 5 septembre a posé la première pierre du partenariat entre le Département du Val-de-Marne, la Ville de Boissy-Saint-Léger et la Ville de Limeil-Brévannes, l’équipe de E-city et à travers elle les chercheurs et étudiants de l’Université Paris-Est Créteil (UPEC).

L’objectif de cette réunion ? Lancer le projet d’expérimentation sur le vieillissement de la Haie Griselle-La Hêtraie. Ce quartier intercommunal de 5 000 habitants, à cheval sur les communes de Limeil et Boissy, est un quartier politique de la ville (QPV) qui enregistre un taux de pauvreté de 30 % – contre 17 % en moyenne dans le Département – chiffres de 2018) – et se trouve touché par un vieillissement très marqué de sa population. Entre 2013 et 2018, le nombre des 75 ans et plus a ainsi bondi de 70 % à la Haie Griselle-La Hêtraie, quand il est resté stable à l’échelle du Val-de-Marne. Ce quartier, au demeurant plus jeune, voit désormais sa population âgée exploser, avec une multiplication par 3,76 prévue du nombre de personnes de 75 ans et plus dans les 10 à 15 prochaines années.

 

Cet accroissement de la population âgée dans les QPV pose la question des actions et des politiques intergénérationnelles pouvant être mises ici en place. Quels sont les besoins des personnes âgées et en situation de handicap dans ces quartiers en termes d’accès aux services, aux commerces et aux soins, d’adaptation du logement, ainsi qu’en termes d’environnement urbain ? De quels soutiens disposent-elles et quels obstacles rencontrent-elles ?Anticipant ce vieillissement massif de la population de ses quartiers prioritaires, le Département du Val-de-Marne engage une démarche d’expérimentation qui vise à améliorer la prise en compte des besoins de ces personnes. Pour le Département, l’enjeu plus global est de se doter d’un référentiel favorable au vieillissement et au handicap, à l’instar de celui adopté en 2021 par le DEPARTEMENT DE LA SEINE SAINT DENIS. Car les politiques publiques mises en œuvre jusqu’à présent dans les quartiers prioritaires visaient bien plus les populations jeunes et les familles, délaissant la population vieillissante et en perte d’autonomie.

Pour conduire cette expérimentation, le Département du Val-de-Marne s’est tourné vers son université de référence : l’Université Paris-Est Créteil (UPEC). Ce partenariat se fait par l’entremise d’ E-city, un programme de recherche-action en santé urbaine de l’UPEC lancé en 2020 et dirigé par Prof. Dr. Marcus Zepf et Isabelle Coll, qui a pour objectif d’étudier les enjeux socio-environnementaux de santé dans l’Est et le Sud franciliens.

L’équipe E-city, composée notamment de Manon Monvoisin (ingénieure d’études en sociologie) et de Ryma Hachi, Ph.D. (cheffe de projets), a ainsi intégré le Comité technique (COTECH) du projet de la Haie Griselle, pour la mise en œuvre opérationnelle de cette expérimentation. Sur le volet scientifique, notre équipe a constitué un comité scientifique pour valider la méthodologie et poursuivre les meilleures pistes de recherche. Dans la réalisation de ce projet, E-city sera accompagné de référents du Département dont Natalia Castro Alvarado (direction des Relations à la population), MAXIME NAWRACALA (direction de l’Autonomie), Christophe Ambroise (direction de l’Aménagement, de l’Innovation et des Solidarités territoriale – DAIST), Estelle SEDILOT (DAIST) et Anne Gaelle LEYDIER (DAIST). Le COTECH comprend aussi des responsables des services communaux avec, entre autres, ZAHRA OUAGA (directrice de l’action Sociale et de la santé) et Habib Bensetti (chef de projet politique de la ville) côté Limeil, et Sonia Mokadem (directrice du centre social Michel Catonné) ainsi que Lina Therese (services communaux) côté Boissy. Enfin, le Grand Paris Sud Est Avenir est impliqué par l’entremise de Carine Tardy (coordinatrice de la politique de la ville et du renouvellement urbain) et d’Erwan Reveillant (directeur adjoint de la Cohésion territoriale).

Pour répondre à cette demande du territoire, E-city propose un portage innovant de projet qui mobilise, en plus de ses ressources humaines propres, les chercheurs et enseignants-chercheurs de l’UPEC et des étudiants de l’université. Notre équipe implique ainsi les étudiantes et étudiants du Master 2 Urbanisme et Aménagement de l’École d’Urbanisme de Paris (EUP), tutorés par Pascale LAPALUD, urbaniste-designeure et enseignante associée de l’EUP et Samuel Buteau, urbaniste, chargé de mission chez Des cris des villes. D’octobre à fin mars, un groupe de 8 étudiantes et étudiants arpentera le terrain pour y faire ses observations, organiser des ateliers participatifs et mener des entretiens exploratoires. Cette collecte des données donnera lieu à un premier diagnostic sur la situation des personnes en perte d’autonomie à la Haie Griselle. Les étudiantes et étudiants du Master 2 Sciences de l’éducation, pilotés par Laurence COSTES, professeure des universités en sociologie, poursuivront, quant à eux, un séminaire intensif d’octobre à janvier, interrogeant notamment les représentations. Quelle représentation sociale ont les jeunes et les moins jeunes des personnes en perte d’autonomie ? Quel rôle ont les personnes âgées au sein du quartier, ou encore quelles relations existent ou peuvent être nouées entre générations ? Quelles actions intergénérationnelles entreprendre pour répondre aux enjeux du vieillissement ? Le questionnement sera riche ! E-city mobilisera également 2 stages étudiants de 5 et 3 mois.

 

Le comité scientifique pluridisciplinaire pressenti pour accompagner notre équipe sur le plan méthodologique, comprend des chercheurs et chercheuses de l’UPEC ayant manifesté leur intérêt pour le projet. Il s’agit de Dominique Argoud (sociologue, laboratoire interdisciplinaire de recherche sur les transformations des pratiques éducatives et sociales, doyen de la faculté des Sciences de l’éducation, des sciences sociales et des Staps), Nadia Oubaya (épidémiologiste, service de santé publique – hôpital Henri Mondor), Myriam Baron (géographie humaine, professeure rattachée au Lab’urba), Léa Prost-Lançon (géographe de la santé, maîtresse de conférences au Lab’Urba), Gaétan Hains (sciences de l’informatique, professeur), Marie Laurent (gériatre, IMRB, CNRS), Abdelmajid AMINE (sciences de gestion, chercheur et professeur, ancien directeur de l’Institut de Recherche en Gestion), et Daryane TELON (doctorante en santé publique, coordinatrice du réseau de santé de l’UPEC), avec également l’implication de Hajar HBAILI, directrice opérationnelle du Campus des Métiers et des Qualifications d’Excellence – Santé Autonomie Bien vieillir.

Ces travaux concourront à établir un diagnostic exhaustif de la situation des personnes en perte d’autonomie à la Haie Griselle. Cette expérimentation intervient dans la cadre du programme de renouvellement urbain d’intérêt régional (PRIR) visant à développer un quartier attractif tout autour du pôle de la gare RER de Boissy jusqu’à la Haie Griselle. Grâce à cette recherche scientifique, E-city formulera des propositions en vue d’une mise en œuvre expérimentale de solutions concrètes. Si les résultats sont probants, le Département répliquera certaines de ces solutions dans d’autres quartiers et d’autres projets !